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Attention, vous êtes encore en train de vous faire berner !

Drôle d'histoire que celle des lingots d'argent fictifs d'UBS.



La Banque suisse vient d'être attaquée aux Etats-Unis pour avoir facturé des frais de gardes fantaisistes. "Fantaisistes", pour ne pas dire malhonnêtes. Il semble qu'il n'y ait jamais eu de lingots, écrit Marc Mayor pour L'Edito Matières Premières et Devises.

Cette petite histoire doit nous enseigner une chose : les banques ne vous protègent pas en temps de crise.

23 ans de garde fictive
De mai 1984 à novembre 2007, UBS a facturé 25 dollars chaque mois à un trust américain pour la garde de lingots d'argent. Le trust vivait dans l'illusion de posséder 1 000 onces d'argent (une trentaine de kilos).

Les lingots en question n'ayant jamais existé, les frais de stockage semblent aujourd'hui relativement chers.

En novembre 2007, UBS a même décidé de doubler ses frais de garde. On ne soupçonne pas le coût de l'imagination dans le secteur bancaire...

Le lingot imaginaire, le nouvel actif à la mode
En 23 ans, le trust a versé plus de huit mille dollars à UBS pour conserver dans ses coffres ces lingots d'argent qui n'existaient pas.

23 ans, l'arnaque a mis longtemps à être découverte. D'ailleurs, UBS n'était pas la seule à procéder ainsi.

Morgan Stanley a subi une plainte similaire en 2004. La banque avait été amenée à payer quatre millions de dollars.

Le trust a voulu porter plainte pour récupérer la somme, mais surtout, pour dénoncer l'opacité et la duplicité des pratiques bancaires d'UBS.

Une tactique vieille comme le monde
Après éclaircissement, les ficelles sont apparues. La banque aurait utilisé une attrape vieille comme le commerce : la tactique de diversion, ou "bait & switch".

La grande distribution est rompue à ces techniques : vous attirez le chaland avec une promotion spectaculaire, avant de constater avec lui que l'article n'est plus disponible. Vous orientez alors le client vers un article plus cher.

UBS innove dans l'arnaque
UBS a repris cette tactique digne des pires marchands de tapis, mais en "l'améliorant".

La banque a poussé le client à lui confier de l'argent, en lui promettant d'investir avec. UBS a seulement apporté un petit détail supplémentaire : le client n'a absolument rien reçu en échange !

Tout passait par la confiance. En facturant des frais de garde, le client était assuré de posséder des lingots. C'est probablement pour gagner en crédibilité que les frais ont été doublés en 2007, d'ailleurs...

Face je gagne, pile tu perds
L'affaire a révélé une autre ficelle.

La banque a effectivement acheté des lingots avec l'argent du trust, mais des lingots "non alloués". Ainsi, la banque a disposé de l'argent pour spéculer en Bourse et garder 100% des éventuels gains.

Mais le plus grave, c'est que le client n'aurait jamais pu récupérer son bien en cas de faillite de la banque.

Attendez-vous à faire la queue pour récupérer votre or
Ce risque ressemble de plus en plus au risque pris avec les dépôts classiques.

Chaque établissement financier ne garde que 3 à 4% des dépôts de ses clients en argent liquide. Quand le système vacille, les clients se ruent sur les guichets. Seuls les premiers réussissent à sauver quelques billes.

La méthode est en passe de se reproduire avec les métaux précieux.

Attendez-vous donc à faire la queue pour récupérer vos lingots au prochain coup de Trafalgar boursier.

Ce que nous apprennent les "banksters" de Wall Street
L'ironie de cette tendance est que les investissements dans les métaux précieux sont supposés justement nous protéger des risques sur les actifs "papier".

C'est bien là que le bât blesse.

Les banques sont devenues des menaces même pour les actifs qui sont censés nous protéger.

L'ultime recours : sortir du système
Mon conseil sera simple : si vous souhaitez posséder des lingots de métaux précieux, il est impératif de les sortir au plus vite du système bancaire.

Quand les gouvernements décideront de confisquer les lingots et que les banques seront sans le sou, vous aurez encore le choix d'agir à votre guise.

Marc Mayor est le fondateur et président d'Inside ALPHA, une entreprise helvétique spécialiste des approches financières éliminant le risque de marché (investissements dits "'neutres au marché").Depuis plus de 10 ans, Marc analyse avec humour et sagacité le comportement des initiés de la Bourse, notamment dans les colonnes de sa rubrique hebdomadaire "Le Coin des Insiders"', qui paraît chaque vendredi dans le quotidien financier L'Agefi (Suisse).

Auteur à succès, il préside aussi un cycle régulier de conférences réunissant des investisseurs, tant professionnels que privés, notamment sur le thème des métaux (de base ou précieux) et de l'énergie (fossile, nucléaire ou renouvelable).Il participe régulièrement au Billet du Trader ainsi qu'au magazine MoneyWeek et à l'Edito Matières Premières & Devises.

Marc Mayor met désormais toute son expertise financière, ses analyses et ses recommandations au service des investisseurs particuliers dans le cadre de sa nouvelle lettre d'information : La Lettre de Marc Mayor.

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